Gabrielle Asselin Jobin, M.Sc., orthophoniste, 31 octobre 2021
J’étais au baccalauréat en psychologie lorsque j’ai été renversée pour la première fois. Je ne m'y attendais pas, mais j’allais vivre l’expérience qui allait teinter le restant de ma vie professionnelle.
Cette expérience, c’était mon premier contact avec un enfant qui avait reçu, petit, un diagnostique de Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA). Un grand garçon attachant, surprenant, tout plein d’émotions et de désirs qu’il ne réussissait pas toujours à exprimer. Ce qui pouvait être franchement frustrant pour lui. La relation d’aide a toujours été mon créneau. Par contre, cette fois, je me retrouvais face à un univers inconnu. Une perception du monde si différente de la mienne que j’arrivais difficilement à m’y ajuster, à comprendre, à y répondre. À l’issue de cette expérience, j’ai eu une flamme au cœur: il faut mieux comprendre le fonctionnement autistique pour mieux cohabiter tous ensemble. Et je vais mieux les comprendre. J’ai toujours cette flamme au cœur aujourd’hui.
Je travaille auprès des personnes autistes depuis plus de 8 ans, soit l’entièreté de ma carrière d’orthophoniste. Eh oui, c’est ma passion. La différence, moi, je trouve ça merveilleusement beau et fascinant. Mon expérience professionnelle m’a permis de mieux comprendre et de mieux répondre. Mais non, je ne comprends pas tout encore, et non parfois je ne sais pas du tout quoi répondre.
Ce que je comprends, c’est que oui, une personne autiste c’est différent de moi -et de tous les neurotypiques d'ailleurs. Différent. Pas moins, pas plus. J’ai compris que le trouble du spectre de l’autisme, ça n’avait pas de visage, pas de chemin tout tracé qui te permet de prédire devant. J’ai compris aussi que ce qui cause la majorité de leurs défis, c’est la façon dont fonctionne notre univers de neurotypiques. Que ce qui cause souvent les souffrances des familles, c'est leur désir et leurs efforts à faire rentrer leur enfant dans la boîte trop petite du "normal". Surtout, j’ai compris que mon travail de soutien et de stimulation, ça commençait par de l’enseignement aux gens qui les côtoient, qui prennent soin d’eux, qui les aiment fort. Leur apprendre certaines choses, certes, mais surtout leur rappeler que le but dans tout cela, ce n'est pas de changer ou de remodeler leur enfant. C'est juste de rendre le tout un peu plus doux, un peu plus facile. Très souvent, ça passe par créer ou trouver des nouvelles portes pour communiquer. Apprendre à saisir ce que leur enfant communique, et en retour, communiquer pour que leur enfant les saisisse. Et ça, c'est ce qui illumine mon travail: voir des parents connecter profondément avec leur enfant.
Il existe plein de stratégies pour créer des ponts entre eux et nous. Et c’est exactement ça ma mission. Dessiner des ponts avec des crayons de couleur, en prenant les familles qui le désirent par la main et en leur montrant combien c’est beau la différence de leur enfant quand on s’approche de plus près et qu’on sait s’ajuster.
On estime qu’environ 1% de la population mondiale serait autiste. Vous imaginez à quel point c’est important qu’on s’informe sur leur fonctionnement, sur les façons de communiquer et de s’adapter ? Le TSA fait partie de la grande famille des troubles neurodéveloppementaux (anciennement appelé Trouble Envahissant du développement, TED). Oui, on naît avec cette condition. Ça ne s’attrape pas comme la grippe, et ce n'est pas contenu dans la seringue d'un vaccin pour les 18 mois. Ce trouble s’exprime en des difficultés au niveau de la communication sociale et des interactions, mais aussi par des comportements et intérêts restreints et répétitifs. Aucun enfant ou adolescent avec lequel j’ai eu la chance de travailler n’est pareil; chacun est unique avec ses forces, ses besoins et ses défis.
C'est pareil pour un neuroatypique qu'un neurotypique quoi.
Au Québec, on compte 1,4% de la population avec ce diagnostic, dont 4 fois plus d’hommes que de femmes. Alors, commençons tous ensemble à changer le monde un petit peu en se prenant la main, en s’intéressant à l’autre, en s’émerveillant de ses différences. C’est comme ça qu’on dessine des ponts en couleurs…
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Références si tu veux t’informer:
https://www.autisme.qc.ca/
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